Réapparition après tout
Nous ne rentrerons pas à la maison.
Il y aura de pas avant nous dans la neige.
Nous saurons les suivre et les effacer.
Trouver la clef sous les pierres.
Il y aura des voix au loin pour nous chercher.
Ne te retourne pas petite sœur.
Ne te retourne pas.
On va faire le voyage de nos vies.
Nous rentrerons quand nous voudrons.
Jusqu’à ce que nous ayons oublié. La descente en enfer. Les couloirs. La porte blanche.
Le regard qui se perd. La lampe. Le poster d’un Dieu égyptien. Et le couvercle de la fin.
Et puis le mort qu’on à aimé.
Ne te retourne pas. Oublie les images. Oublie les voix.
On effacera les derniers pas pour ne pas être suivi.
La vie nous guette et nous épie. La gagnera t’on au combat ?
A la chaleur de nos embrassades ?
Il y a des semaines et des mois que nous disparaissons. Peut-être des années.
Nous ne rentrerons pas à la maison.
Il n’y a plus de place.
Petite sœur. Ne te retourne pas maintenant.
Si tu me quitte aussi je me perds. A deux on trouve tous les chemins.
Le mort a-t-il perdu la guerre ?
Non.
Il nous surveille envers le ciel. Il nous guérit.
Le mort a-t-il perdu la guerre ?
Non.
Le mort à gagné la bataille à la vie.
Notre père, notre grand-père, notre frère, notre mari.
On n’a pas su dire qui s’était.
Un homme. Notre ami. Maintenant. Une éternité, une image, un son, des objets.
Des souvenirs en nous pour des siècles et des siècles.
Alors.
Petite sœur,
on va rentrer à la maison.
Retrouver nos mères.
Réapprendre les couleurs et les sons.
Gouter les mets.
Toucher les étoffes qu’il a portées.
Compter les étoiles une à une.
Il ne les a pas toutes emportés.
On va retrouver nos lits et nos chambres.
Faire les enfants que nous étions.
On va se taire.
On va penser à lui comme un souvenir qui nous éclaire.
Comme un précieux cadeau.
Rentre chez toi par derrière. Ne m’oublie pas.
Petite sœur.
J’ai tant de peine à te quitter déjà.
J’ai tant de joie à te connaitre.
Après t’avoir vu rentrer par la fenêtre,